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L’épilepsie chez le chien

L’épilepsie, vous en avez surement déjà entendu parler. Que ce soit un membre de la famille proche ou éloignée, un voisin, un ami d’un ami… cette maladie du système nerveux central, pour dire, du cerveau, est très courante. L’épilepsie touche plus de 500 000 personnes en France, dont la moitié sont des enfants. Mais elle ne s’arrête pas qu’aux humains. Tout mammifère peut en être atteint. Ainsi, nos animaux de compagnie n’échappent pas à son emprise. Chez le chien, on estime que 0,5 à 1% des individus en est atteint. Il pourra ainsi faire une seule crise dans sa vie (crise d’épilepsie aigüe), ou devenir épileptique chronique (plusieurs crises dans sa vie, de façon régulière ou non).

Elle est d’ailleurs plus commune chez certaines races. Notamment le labrador par exemple, ou encore le carlin, le cane corso, le cavalier King Charles, le husky, le golden retriever, le bulldog français, le berger australien, le caniche, le beagle, le teckel…

Mais l’épilepsie, qu’est-ce que c’est vraiment ? Pourquoi entendons-nous parfois parler « d’épilepsie résistante », « d’épilepsie primaire ou secondaire » ? Quels sont les causes, les symptômes ? Et surtout, y’a-t-il des traitements pour nos amis les chiens souffrant d’épilepsie ?

Petit tour d’horizon de cette maladie, finalement assez commune, mais encore que très peu comprise des dogparents.

Info : nous parlerons principalement ici de l’épilepsie chez le chien, mais l’épilepsie chez le chat et les NAC (lapins, rongeurs, furet, etc…) existe aussi bien évidemment… la maladie est similaire, seules les causes peuvent varier. Les prises en charge sont équivalentes chez tous les mammifères.

Qu’est-ce que l’épilepsie ?

L’épilepsie se définit comme une tendance à répéter des crises spontanées.

Les crises d’épilepsie résultent d’un dysfonctionnement physiologique temporaire du cerveau, causé par des décharges neuronales excessives et hypersynchrones (de façon répétées).

En langage courant ? Les neurones, les cellules principales du cerveau qui communiquent entre elle avec du courant électrique se mettent à disjoncter. Au lieu de s’activer les unes après les autres, elles s’activent toutes en même temps. Il y a une surcharge électrique et des courts-circuits. Le cerveau est hors d’état de fonctionnement.

Cette surcharge électrique se traduit par des symptômes de types convulsions le plus souvent.

Quelles sont les causes de l’épilepsie ?

Dans l’épilepsie, nous pouvons parler de 3 types de causes principales :

Idiopathique (ou primaire)

D’origine génétique

Secondaire

Epilepsie idiopathique

Autrefois la bien nommée « origine primaire » ou « épilepsie essentielle ».

L’épilepsie idiopathique n’a rien d’une idiote, comme nous pourrions le penser en voyant ce terme… la seule chose qui l’est vraiment, idiote, c’est le fait de ne pas savoir d’où la maladie provient. Il est ainsi dit de toute maladie, quelle qu’elle soit, qu’elle est idiopathique, lorsque l’on ne peut en déterminer l’origine. La faute à pas de chance, une maladie indétectable avec les moyens actuels, l’environnement ? Tout et n’importe quoi peut en être l’origine… Personne ne peut déterminer la cause.

C’est malheureusement la cause d’épilepsie la plus commune, celle dont on ne sait rien.

Epilepsie d’origine génétique

Vient ensuite l’origine génétique. Comme mentionné en introduction, certaines races sont plus sujettes, prédisposées, à la maladie. Modification de la physiologie des races pour répondre aux critères physiques des concours, croisements, consanguinités (nous vous en avons déjà parlé ici : https://mydogisaqueen.com/mutations-genetiques-et-maladies-chez-le-chien/ et ici : https://mydogisaqueen.com/selection-genetique-et-derives-chez-le-chien/ ) ou tout simplement la magnifique et complexe biologie interne.

Les causes génétiques font partie des causes idiopathiques.

Epilepsie secondaire

Enfin une épilepsie dont on connait avec certitude la raison de son apparition.

L’épilepsie secondaire, l’est en effet, suite à une autre pathologie, accident, malformation, intoxication, tumeur, etc. Elle est secondaire à quelque chose. Elle arrive donc comme un symptôme ou une conséquence.

Le problème de santé est identifié, la cause de l’épilepsie qui survient suite à cet évènement aussi par ce fait.

L’épilepsie secondaire peut être de 2 sortes :

Intracrânienne (structurale) : l’origine se situe directement au niveau du cerveau par exemple une malformation, une infection des méninges, une tumeur…

Extracrânienne (réactionnelle) : l’origine se trouve ailleurs que dans le cerveau, par exemple une intoxication, un choc, une infection ou une maladie métabolique (qui vont empêcher le cerveau de fonctionner de façon optimale).

Comme nous le verrons plus bas, le traitement de cette épilepsie secondaire est souvent bien plus simple, de par la connaissance de la cause, que lors d’une épilepsie idiopathique.

Qu’est-ce qu’une crise épileptique et comment réagir ?

Comment se déroule une crise épileptique ?

Une crise épileptique se décompose en trois étapes successives :

La « pré-crise » ou phase « d’aura » : juste avant la crise, l’animal change de comportement. Nerveux, hyperactif, tourner en rond, se lécher avec insistance, aboyer, se cacher ou venir se blottir… L’animal sent la crise arriver, ne se sent pas bien et montre des signes qui deviendront typiques d’un « avant crise ». Chez le chien, cela n’est pas toujours simple à détecter. Les signes peuvent arriver quelques jours à quelques heures avant…

La crise ou phase « d’ictus » :  l’animal convulse. Les tremblements peuvent être partiels ou généralisés. Ou alors il ne bouge plus dans le cas de crises absences. Il est en pleine crise épileptique. Une crise dure généralement 1 à 5 min. Plus longue, c’est une urgence puisque l’animal entre en état de mal épileptique.

La phase « post-épileptique » ou « post-ictale » : l’animal ne sait pas trop ce qu’il vient de se passe, il est un peu perdu. Il peut rester allongé un bon moment avant de se remettre en activité. De quelques minutes à plusieurs jours selon son âge, l’intensité de la crise ou crises successives, la fatigue engendrée par celle(s)-ci. Les crises sont éprouvantes. Plus l’animal est affaibli, plus il mettra de temps à se remettre. De même, plus les crises sont importantes, en fréquence et/ou en intensité, et plus il aura du mal à retrouver son état général de base.

Quels sont les différents types de crises ?

Il n’existe non pas un seul type de crise épileptique, mais plusieurs (40 syndromes différents chez l’Homme par exemple). Le saviez-vous ? Les crises d’épilepsie peuvent être complètement différentes d’un animal à un autre, selon les zones cérébrales touchées par l’hyperexcitabilité… par les courts-circuits en somme !

Voici les 5 types de crises principales :

Convulsions fébriles

Les convulsions fébriles sont des crises qui se déroulent principalement chez l’animal juvénile. Un pic de fièvre ou une température corporelle trop élevée à cause d’un coup de chaud, et la crise convulsive survient. Les mécanismes ne sont pas très bien compris concernant les convulsions fébriles…

Crises partielles

Selon la zone du cerveau touchée par l’épisode, seule un membre ou une partie du corps va se mettre à trembler. Il s’agit des crises partielles. Les mouvements sont involontaires, mais l’animal ne perd pas connaissance.

Crises convulsives généralisées

Il s’agit là du type de crise le plus commun. Les deux hémisphères du cerveau sont touchés de façon simultanée : le corps entier de l’animal tremble, convulse. C’est l’état de mal épileptique, avec une perte de connaissance de l’animal et des mouvements involontaires et incontrôlés de tout son corps. On parlera de crises tonico-cloniques avec dans un premier les membres et le corps qui se raidissent, avant de se mettre à trembler.

L’animal peut s’uriner dessus et déféquer à ce moment là puisqu’il n’existe plus aucun contrôle sur l’organisme. La crise est impressionnante mais se stoppe d’elle-même.

Status epilepticus

Il s’agit là d’une urgence absolue. Le pronostic vital est engagé : la crise ne s’arrête pas d’elle-même au bout de 10min, et des médicaments sont nécessaires pour la stopper. Ou alors, les crises s’enchainent pendant plus de 30 min. Le cerveau ne fait pas de pause et les courts-circuits se succèdent… Il faut absolument conduire son animal chez le vétérinaire au plus vite.

Crises absences

Dans ce type de crises, l’animal ne va pas convulser à proprement parler. C’est-à-dire qu’il ne va pas trembler. Le crise absence se caractérise par l’absence de mouvement. L’animal ne bouge plus, comme s’il était en pause.

Comment réagir face à une crise épileptique ?

Lorsqu’une crise se présente, le premier réflexe est de mettre l’animal en sécurité. Qu’il ne puisse pas se faire mal en tombant. Ne rien mettre dans sa bouche pour qu’il ne puisse pas l’avaler/ou vous mordre. Ne pas toucher l’animal. Eteignez les lumières et la télé/radio pour éviter les sur-stimulations. Et enfin, le plus important : restez calme.

Les crises sont impressionnantes, mais l’animal n’a pas conscience de ce qui arrive, il ne souffre pas lors d’une crise. Surveillez-le, dans le calme, pendant la crise et après (au cas où une autre crise arriverait). Si les crises s’enchainent, consultez votre vétérinaire en urgence.

Quelle prise en charge médicale ? Quels sont les traitements existants ?

A la première crise d’épilepsie que vous détectez chez votre animal, il faut consulter. Qui vous dit qu’il n’en a pas déjà fait en votre absence. Un diagnostic doit être posé et des analyses approfondies pour déterminer, s’il y en a une, l’origine de la crise (ou des crises).

Prise en charge médicale et examens

Lors de la première consultation d’un vétérinaire pour épilepsie, celui-ci va réaliser un check-up complet de votre animal.

Il va s’agir de déterminer si l’épilepsie est secondaire, ou idiopathique. Dans le cas de cette dernière, il s’agit d’un diagnostic d’exclusion : une fois toute les causes possibles (donc secondaires) écartées, on pose le diagnostic d’épilepsie idiopathique.

Afin d’éliminer toutes les causes possibles, différents examens peuvent être nécessaires : analyses de sang et d’urines, imageries médicales (radiographie, échographie, IRM et/ou scanner), voire une ponction lombaire.

Après pose du diagnostic, un suivi régulier devra être mis en place pour contrôler l’évolution de l’épilepsie.

Traitement d’une épilepsie idiopathique

Dans le cadre d’une épilepsie idiopathique, la cause ne sera pas identifiable, et les symptômes autres sont inexistants. Le chien, outre les crises, est en parfaite santé. Il est donc très difficile de traiter une épilepsie idiopathique. L’épilepsie est donc une maladie à part entière dans ce cas-là.

Le traitement de base est un anti-convulsivant qui, comme son nom l’indique, est là pour empêcher l’apparition des crises, en agissant directement sur le cerveau et les connexions cérébrales.

Le traitement d’une épilepsie idiopathique est compliqué. Le but est d’éliminer bien évidemment les crises, mais souvent, le traitement permet seulement de réduire leurs fréquence et intensité. Trouver le bon traitement et le bon dosage peut, en outre, prendre du temps.

De même, et malheureusement, toutes les épilepsies ne sont pas réceptives aux traitements, et certaines sont dites « résistantes ».

Traitement d’une épilepsie secondaire

Dans le cas d’une épilepsie secondaire, celle-ci est donc un symptôme. L’épilepsie est secondaire à un évènement ou une autre maladie. Il va donc falloir traiter en priorité la maladie principale pour tenter d’éradiquer l’épilepsie.

La mise en place d’un traitement anti-convulsivant n’est donc pas forcément nécessaire.

Le CBD, une option intéressante ?

Nous vous avons déjà fait part sur le blog (https://mydogisaqueen.com/cbd-pour-mon-chien-bonne-ou-mauvaise-idee/ ) de l’impact positif possible du CBD, dans le traitement des crises épileptiques chez le chien. En agissant sur les récepteurs, les mouvements d’ions calciques et les neurotransmetteurs, le CBD aiderait ainsi à la réduction de la fréquence des crises, et pourrait diminuer leur intensité. Des études chez le chien, encore peu nombreuses et nécessitant d’être complétées, semblent corroborer ces hypothèses.

(source :  Di Salvo et al. ; Frontiers in Veterinary Science   2023 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10347378/).

Bien évidemment, l’administration de CBD dans ce cadre pathologique doit être soumis à l’approbation de votre vétérinaire. Notamment concernant les doses, et ne doit pas se substituer à un traitement médicamenteux prescrit par ce dernier.

Alimentation et crises épileptiques, un véritable lien ?

Ces dernières années, des recherches se sont focalisées sur le lien entre alimentation et crises épileptiques. Les chercheurs ont tenté de déterminer quels seraient les régimes alimentaires les plus favorables à une réduction des symptômes chez les chiens souffrant d’épilepsie idiopathique.

Notamment, le régime cétogène, légèrement modifié pour nos compagnons les chiens et les chats, pourrait être bénéfique selon plusieurs études :

« Sept articles et trois résumés de conférence portant sur des chiens ont été inclus dans la présente étude. Il existe des preuves que la consommation de régimes contenant des triglycérides à chaîne moyenne augmente la concentration de corps cétoniques circulants et améliore les signes d’épilepsie, bien que ces régimes aient une teneur plus élevée en glucides et plus faible en graisses que le régime cétogène classique. »

Source : Ventramini et al., Review ; Journal of Animal Physiology and Animal Nutrition – 2023. (https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jpn.13913 )

D’autres études se focalisent surtout sur le microbiote, connu pour être en interaction directe avec le système nerveux central, via des molécules neuroprotectrices et anti-inflammatoires. L’inflammation et la neuro-inflammation étant un facteur délétère dans l’épilepsie.

(Verdoodt et al., Review, The veterinary journal – 2022 https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1090023322001320?via%3Dihub).

Toutes ces données/études sont à prendre avec précaution, et un régime alimentaire ne doit être modifié qu’en accord avec votre vétérinaire. Surtout s’agissant d’un animal malade.

Que faire au quotidien pour éviter les crises épileptiques ?

Pour éviter les crises épileptiques, nous dirions qu’il y a deux choses principales à respecter : bien suivre les traitements médicamenteux (s’il y en a) et éviter les stimulis.

En effet, sur ce deuxième point, si les éléments déclencheurs de crises sont connus, il est nécessaire d’éviter de mettre le chien en contact avec ces éléments. On veillera donc à garder l’animal au calme dans son quotidien, en évitant au maximum les éléments déclencheurs. On évitera aussi les sur-stimulations qui pourraient engendrer le top départ de crises épileptiques. Trop de bruits, trop d’agitation, trop de stress, trop de chaleur sont tout autant d’éléments qui peuvent induire des crises chez un animal malade.

Bien évidemment, si votre animal suit un traitement médicamenteux pour ces crises épileptiques, il faut bien le suivre ! Un seul retard ou un seul oubli, et la crise peut pointer le bout de sa truffe. Il est donc nécessaire de suivre scrupuleusement les indications du vétérinaire.

Suivre une routine, encore plus chez un animal malade, est primordial. N’hésitez pas à tenir un journal de bord des crises. Cela permettra d’informer avec précision le vétérinaire de l’évolution de la maladie lors des visites de contrôles.

L’application “Epilepsie du chien et du chat : suivi des crises” http://www.mon-animal-epileptique.fr/nouvelle-application/ peut être un véritable outil avec un journal de bord, la possibilité de filmer les crises, des alertes pour les traitements.

Pour plus de renseignements sur le quotidien avec un animal épileptique, vous pouvez consulter le site : https://www.mon-animal-epileptique.fr/ ou rejoindre le groupe privé EpiCanine, LE groupe francophone sur l’épilepsie de nos chiens , disponible sur Facebook.

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Luna’s Team

Karen a rejoint le blog fin 2016, pour allier son envie d’écriture, sa passion des chiens… et de la science ! Elle partage sa vie avec Luna, un Coton de Tuléar, et Nalie, un Scottish Terrier. Avec une formation en physiologie, physiopathologie et un doctorat en Neurosciences, le côté scientifique et médical de MDIAQ, c’est souvent la Luna’s Team qui s’en occupe ! Mais Karen est aussi l’heureuse maman de deux petits humains. Une famille nombreuse qui lui permet d’aborder les sujets chiens-enfants dans ses articles. Les rubriques phares sont donc “Take care, Babydog, Mini hum’addict”. Retrouvez nos articles ICI


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1 Comment

  • Narcolepsie chez le chien - My dog is a Queen
    7 avril 2024 at 10:30

    […] Chez le chien, un des troubles les plus fréquents est la narcolepsie. A ne pas confondre avec l’épilepsie dont nous vous avons aussi parlé, il s’agit d’une maladie neurologique dont vous avez […]

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