Je souhaite vous suggérer une lecture… Notamment car j’ai dévoré ce livre durant l’été. Toutefois, je ne vous en avais pas encore rédigé son retour… Il s’agit de Son odeur après la pluie de CÉDRIC SAPIN-DEFOUR

BIOGRAPHIE- RELATION – SENSIBILISATION

Je ne vais pas vous mentir, il est des livres que je redoute. J’hésite parce que je sais que le contenu va malmener ma sensibilité… Donc, je suis mitigée sur ma capacité à le vivre sur l’instant. Finalement, je cède à l’envie de découvrir … A tort ou à raison, il y a des lectures dont on pressent la douleur proportionnelle à la beauté … Ce livre en est la parfaite illustration ! Ce livre n’épargne pas, il parle vrai …

Son odeur après la pluie, présentation officielle

Cédric Sapin-Defour, son odeur après la pluie, ed. Stock, collection bleue, mars 2023, 270p. Vendu 20.90 euros chez FNAC / AMAZON / CULTURA / chez vos libraires de proximité, sur simple commande. Notons, qu’il est également disponible en version numérique pour 14.99 euros.

Résumé …

C’est une histoire d’amour, de vie et de mort. Sur quel autre trépied la littérature danse-t-elle depuis des siècles ? Dans Son odeur après la pluie, ce trépied, de surcroît, est instable car il unit deux êtres n’appartenant pas à la même espèce : un homme et son chien. Un bouvier bernois qui, en même temps qu’il grandit, prend, dans tous les sens du terme, une place toujours plus essentielle dans la vie du narrateur.

Ubac, c’est son nom (la recherche du juste nom est à elle seule une aventure), n’est pas le personnage central de ce livre, Cédric Sapin-Defour, son maître, encore moins. D’ailleurs, il ne veut pas qu’on le considère comme un maître. Le héros, c’est leur lien. Ce lien unique, évident et, pour qui l’a exploré, surpassant tellement d’autres relations. Ce lien illisible et inutile pour ceux à qui la compagnie des chiens n’évoque rien. Au gré de treize années de vie commune, le lecteur est invité à tanguer entre la conviction des uns et l’incompréhension voire la répulsion des autres ; mais nul besoin d’être un homme à chiens pour être pris par cette histoire car si pareil échange est inimitable, il est tout autant universel. Certaines pages, Ubac pue le chien, les suivantes, on oublie qu’il en est un et l’on observe ces deux êtres s’aimant tout simplement.

C’est bien d’amour dont il est question. Un amour incertain, sans réponse mais qui, se passant de mots, nous tient en haleine. C’est bien de vie dont il est question. Une vie intense, inquiète et rieuse où tout va plus vite et qu’il s’agit de retenir. C’est bien de mort dont il est question. Cette chose dont on ne voudrait pas mais qui donne à l’existence toute sa substance. Et ce fichu manque. Ces griffes que l’on croit entendre sur le plancher et cette odeur, malgré la pluie, à jamais disparue.

AU SUJET DE L’AUTEUR

Cédric Sapin-Defour a 47 ans. Mi-enseignant mi-voyageur, il vit dans le Beaufortain quelques mois par an et le reste du temps en itinérance. Il écrit sur ce rêve un peu fou que « les hommes et la nature réapprennent à vivre ensemble ». Il a précédemment publié Gravir les montagnes est une affaire de style et Espresso chez Guérin, ainsi que L’Art de la Trace chez Transboréal.

DU COUP CETTE LECTURE ?

D’emblée, il faut savoir que j’ai acheté ce livre au moment de sa sortie… Toutefois, il aura fallu 3 mois avant que je ne parvienne à l’ouvrir. Je suis passée devant, un nombre incalculable de fois … Il trônait dans le salon, bien en évidence ! D’où, je pense que ce livre magnifique mérite un bon timing … C’est l’histoire d’un lien fort, un lien d’amour inconditionnel entre un homme et son chien, Ubac. De la rencontre à la mort de ce dernier.

C’est ce que les plus chanceux d’entre nous vivrons avec leur chien … 13 ans pour un Bouvier Bernois, on dira que c’est un bel âge … Notamment parce que c’est ce que les gens nous disent toujours lorsque l’on perd notre chien… Entendons, lorsqu’il meurt. Cela étant, pour nous ce n’est jamais que trop tôt, on en voudrait toujours davantage … Il est bien question de mort, de deuil mais au-delà, d’hymne à la vie que l’on peut avoir à partager avec son chien. Une chance infinie ! Il y a une phrase de l’auteur qui m’a particulièrement émue… Elles sont nombreuses, mais celle-ci plus que les autres …

« Je ne vais faire que ça désormais : chercher partout ces yeux qui me cherchaient partout »

Cédric Sapin-Defour

C’est ici que vous comprendrez la question du bon timing … Lorsque notre chien approche du crépuscule de ses jours, ce livre est d’autant plus prenant qu’on transfert beaucoup. Ainsi, il fait écho à ce que l’on appréhende le plus, sa perte. Paradoxalement, il rassure aussi… D’autres que nous vécurent cette force d’amour et s’en sont relevés …

AIMONS NOUS SOUFFRIR ?

J’ai vraiment aimé ce livre parce qu’il est authentique, il ne dissimule pas les choses… Il y a une relation saine et respectueuse du chien par son essence. Un lien fort les unis et c’est vraiment très beau à lire.

Toutefois, les trois derniers chapitres furent pour moi les plus difficiles. J’ai beaucoup pleuré, interrompant ma lecture toutes les 4-5 lignes parce que j’avais les yeux noyés de cette vérité qu’on préfère ignorer … Ils ne sont pas immortels. Du coup, ce n’est pas Ubac que j’ai pleuré, bien que son histoire soit magnifique… C’est à mon chien que j’ai pensé. A ce sablier qu’on ne pourra pas arrêter. Ce livre est pourtant une pépite et je sais que ses pages seront inévitablement, à nouveau, parcourues lorsqu’un jour le besoin s’en fera sentir.

Ainsi, ce livre devrait être lu par tous … De ceux qui décident de vivre une belle histoire avec un chien dans leur vie, à ceux qui en font le deuil… Enfin, il devrait être offert aux “autres”, ceux qui souvent peinent à comprendre ce lien qui nous lie à nos chiens. Comme un apport “sociologique” permettant de nous approcher sans que cela ne soit systématiquement déconcertant.

Dans la forme et dans le fond …

J’ai apprécié la syntaxe et les tournures poétiques, tout comme la richesse lexicale. Les livres ayant pour thématique “le chien” sont rarement d’une telle qualité littéraire. Les mots sont savamment posés bien que somme toutes évidences, d’une spontanéité lucide et authentique. Les référents culturels mobilisés sont gratifiants pour la pensée…

D’où, je vous le recommande vraiment car il incarne l’ode à l’amour par excellence d’un être humain envers son âme sœur canine. Lorsque l’on décide ne nouer sa vie à celle d’un chien, on sait d’emblée qu’on souffrira parce qu’on lui survivra … Toutefois, ce livre nous rappelle, avec intensité, oh combien cette douleur en vaut la peine ! A ceux qui parviennent à savourer ces instants sans les compter, ce livre est vraiment à lire !

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